3. Réfléchir collectivement à notre alimentation
Delphine Tailliez, directrice de l’Agence pour la recherche et l’information en fruits et légumes (Aprifel) estime que chacun, individu, association, entreprise, peut contribuer à améliorer la durabilité des systèmes alimentaires.
Quel est le rôle de votre association ?
Notre association a été créée en 1981, et elle a pour mission d’analyser et transmettre les connaissances concernant les liens entre fruits et légumes et santé, sécurité sanitaire et durabilité. Elle regroupe des membres de la société civile et notamment des associations de consommateurs, des professionnels des fruits et légumes et des scientifiques, avec un objectif commun : promouvoir une alimentation riche en fruits et légumes, saine et durable.
Mais tout le monde sait que les fruits et légumes sont bons pour la santé ?
Oui, et pourtant les familles qui mangent sain et équilibré sont encore trop peu nombreuses ! En 2019, la consommation moyenne de fruits et légumes en France reste inférieure aux recommandations nationales (au moins cinq portions par jour) chez les enfants et les adultes, avec respectivement 2,67 et 4,17 portions quotidiennes de fruits et légumes.
« La consommation de légumes permet de prévenir de nombreuses maladies comme l’hypertension artérielle, l’asthme, l’obésité, le diabète, le déclin cognitif lié à l’âge, l’ostéoporose, etc. »
Nous avons la conviction que pour changer les comportements des individus, il faut agir sur trois leviers : le « savoir », le « vouloir », le « pouvoir ». Sur le premier point, celui des connaissances, nous nous appuyons sur de nombreuses études scientifiques qui existent ou que nous initions. Il ne suffit pas d’affirmer que les légumes sont bons pour la santé, encore faut-il rappeler leurs bienfaits, afin que les personnes s’approprient cette idée : ils sont sains car ils présentent à la fois une faible densité énergétique et une forte densité nutritionnelle.
Mais aussi parce que la consommation de ces aliments permet de prévenir, études à l’appui, de nombreuses maladies comme l’hypertension artérielle (et donc les maladies cardiovasculaires), l’asthme, l’obésité, le diabète, le déclin cognitif lié à l’âge, l’ostéoporose, etc. Enfin, sur la mortalité, les scientifiques ont observé ce qu’on appelle un « effet dose » : plus on mange de fruits et légumes, plus le risque de mortalité diminue et il se stabilise à partir de cinq par jour, d’où cette recommandation de manger 5 fruits et légumes par jour, qui n’est pas un simple slogan.
Encore faut-il pouvoir changer son mode alimentaire ?
Ce n’est pas facile, mais c’est accessible à tout le monde : individus, familles, associations, cantines, écoles, chacun peut agir à son niveau. L’éducation à l’alimentation se fait tout au long de la vie, dès le plus jeune âge. Nous avons réalisé une enquête sur 300 enfants entre 6 et 10 ans, ils pouvaient spontanément citer 8 fruits et légumes, alors qu’il en existe plus d’une centaine en moyenne présenté sur les étals des marchés ! Pour les enfants, on peut commencer avec des activités ludiques, afin de leur apprendre à reconnaitre différents aliments. Ensuite il existe quantité d’actions à mener, d’activités à organiser, pour que les différents publics se rendent compte que oui c’est possible de changer son alimentation sans que cela coûte forcément plus cher.
De quelle façon votre association s’implique-t-elle concrètement ?
Nous ne finançons pas directement les actions qui sont menées par exemple auprès des familles par des associations comme Familles Rurales, mais nous mettons à disposition nos connaissances, nos outils, notre savoir-faire ; nous pouvons coanimer des ateliers, organiser des séances d’information, des débats. Il est essentiel de réfléchir collectivement à la contribution de l’alimentation, et en particulier des fruits et légumes, à la santé individuelle et à la durabilité des systèmes alimentaires.
Pour aller plus loin :