4. Alimentation durable : le défi de la qualité
Privilégier les circuits courts, choisir les aliments dont la production émet le moins de gaz à effet de serre, gaspiller moins, sont autant de façons de limiter l’empreinte carbone liée à l’alimentation. Comment nourrir chacun d’entre nous en qualité et en quantité suffisante, dans le respect de l’environnement, tout en étant accessible au porte-monnaie de chaque individu et rémunérateur pour tous les acteurs de la chaîne alimentaire ? C’est le défi posé par l’alimentation durable. En France, un quart de notre empreinte carbone est liée à notre alimentation. Après le transport (30%) et le logement (23%), c’est le poste qui émet le plus de gaz à effet de serre. Pour diminuer cette empreinte, nous pouvons agir sur trois leviers : les approvisionnements, les pratiques alimentaires, le gaspillage.
S’approvisionner au plus près
Entre une tomate qui a poussé dans une serre au sud de l’Espagne et parcouru 2000 km par la route avant d’arriver à notre frigidaire, et une courgette achetée au producteur local, le coût pour la planète est largement différent ! Renforcer l’autosuffisance alimentaire des territoires en soutenant la structuration et la coordination des circuits de production et de consommation locaux est à la portée de tous. Bien souvent, ces produits, achetés plus près, n’ont pas besoin d’être emballés, et c’est autant de plastique économisé.
« Pour obtenir un kilo de bœuf il faut 13 500 litres d’eau, contre environ 4000 pour un kilo de poulet, soit 3,5 fois plus. »
Cela n’est pas évident à comprendre d’emblée, mais ce que l’on mange a un impact direct sur le climat ! Ainsi, la production d’un kilogramme de viande bovine équivaut à une émission de 27 kg de gaz à effet de serre, tandis que la production d’un kg de porc n’émet « que » 12kg, et celle d’un kg de poulet seulement 7kg. La raison est simple : pour obtenir un kilo de bœuf il faut 13 500 litres d’eau, contre environ 4 000 pour un kilo de poulet, soit 3,5 fois plus. Les élevages bovins sont aussi très gourmands en céréales et émettent beaucoup de méthane. On peut ainsi attribuer à tous les aliments ainsi qu’aux boissons des indices d’émission de CO2. Les pois, les lentilles, les pommes de terre, ont par exemple l’impact environnemental le plus faible. En limitant notre consommation de produits d’origine animale, en préférant des fruits et des légumes de saison on préserve donc la planète. En incitant les cantines scolaires ou d’entreprises à proposer des menus issus de produits locaux et de saison et un peu moins carnés, on peut aussi agir pour une alimentation plus durable !
« Proposer dans les cantines des portions petites ou grandes, adaptées à l’appétit des convives, ou bien faire payer le pain, permet de réduire le gaspillage. »
Enfin, il faut savoir que le gaspillage alimentaire représente près de 10 millions de tonnes de produits perdus par an ! Ce qui entraine des effets très importants sur l’environnement car en plus des pollutions liées à la production des aliments qui finissent à la poubelle sans passer par l’assiette, il s’accompagne d’un gaspillage de ressources. Pour sa production, cette nourriture nécessite des terres cultivées inutilement, auxquelles il faut ajouter une importante consommation d’eau, de carburant, d’engrais et de pesticides, sans oublier toute l’énergie nécessaire à son transport, sa transformation et sa distribution. Des actions très simples, comme le fait de proposer dans les cantines scolaires ou d’entreprises des portions petites ou grandes, adaptées à l’appétit des convives, ou bien de faire payer le pain, permettent de réduire ce gaspillage. Il est aussi possible de valoriser les surplus, auprès d’associations, et les déchets biodégradables, s’il y en a. Toutes ces actions ne sont pas forcément coûteuses. La diminution du gaspillage, l’introduction de repas végétariens et l’utilisation de produits bruts ou peu transformés permet de compenser le surcout éventuel lié à d’autres postes (achats de produits bio par exemple). Et le fait d’acheter local participe au développement économique des territoires.
Interview de Patricia Andriot
Patricia Andriot, cheffe de projet Ruralités à l’Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT), explique les enjeux du plan France Ruralités pour les collectivités locales.