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6. Intelligence artificielle : priorité au débat

4mn31/03/2023
Temps de lecture : 4mn|Article du 31/03/2023
Gilles Babinet, co-président du Conseil national du numérique
Interview de Gilles Babinet
Co-président du Conseil national du numérique

Gilles Babinet participe à des rencontres en itinérance dans toute la France. Cela lui permet de débattre avec les citoyens des problématiques du numérique et de l’IA qu’ils rencontrent dans les différents territoires. 


Qu’est-ce que le Conseil National du Numérique ?

Créé en 2011, le Conseil National du Numérique est une instance consultative indépendante chargée de conduire une réflexion ouverte sur la relation complexe des humains au numérique. Le numérique est à l’origine d’une révolution anthropologique touchant tous les citoyens et toutes les composantes de la société. Le Conseil appelle à en faire un sujet de débat et participe à la circulation de clefs de compréhension, d’idées, de perspectives et d’expériences sur ce sujet.

Vous organisez notamment des « itinéraires numériques » ? 

Oui, depuis l’été 2022, avec ma coprésidente Françoise Mercadal-Delasalles, nous partons en itinérance dans toute la France pour débattre des problématiques numériques rencontrées par les citoyens. Nous avons ainsi participé à près d’une centaine de rencontres et j’ai été ému de réaliser à quel point certaines personnes redoutent le numérique. Beaucoup refusent le changement, restent totalement bloqués sur des sujets comme les compteurs Linky, la 5G. Il y a une opposition entre métropolitains et ruraux, mais c’est tout de même plus complexe que cela. Certaines personnes nous disent « je veux bien y aller, mais accompagnez-nous dans les premiers pas ».

Outre le numérique, l’intelligence artificielle (IA) cristallise désormais les plus grandes craintes ? 

L’IA est l’une des plus grandes révolutions de ces deux derniers siècles, qui est en train de transformer le système productif, l’organisation des administrations publiques et les relations sociales.

« On assiste plutôt à une reconfiguration des relations entre humains et machines, interrogeant les effets de l’IA sur le contenu du travail, les compétences, les interactions entre collègues, etc. »

Elle est aussi porteuse de nombreuses craintes, on la soupçonne notamment de faire bientôt disparaitre le travail humain. Pourtant, dans de nombreux cas, on assiste plutôt à une reconfiguration des relations entre humains et machines, interrogeant les effets de l’IA sur le contenu du travail, les compétences, les interactions entre collègues, le management, la création de valeur. Encore faut-il en débattre.  

Personnellement je suis très opposé à l’idée de décroissance, et je crois que l’IA peut nous aider à faire mieux avec moins, et que nous allons assister à l’émergence de réels contre-pouvoirs pour en éviter les abus, comme l’ont montré les initiatives réglementaires prises récemment des deux côtés de l’Atlantique (NDRL : l’executive Order du Président Biden aux États-Unis et la AI Act promulgé par la Commission européenne).

Comment aider les individus à surmonter leurs peurs sur ces sujets ? 

Pour recréer du bien commun autour de ces sujets particulièrement anxiogènes, nous sommes persuadés que le débat est un préalable indispensable. Nous cherchons des partenaires, pour créer une plateforme de ressources et organiser d’ici trois ans 100 000 événements, des débats sur l’IA et les nouvelles technologies, dans toute la France. 

Pour que ces débats attirent un large public, il faut trois choses : une personnalité invitée connue ; une action ludique sur le terrain susceptible de faire venir du monde ; et bien sûr problématiser une question qui concerne un grand nombre de personnes. Quand ces trois conditions sont réunies, le public est nombreux.  Notre priorité est de faire entrer l’IA dans la culture citoyenne, afin que chacun puisse répondre aux questions légitimes qu’il se pose : Est-ce que ces machines vont avoir une conscience ? Est-ce qu’elles peuvent se retourner contre nous ? Est-ce qu’elles vont prendre nos emplois, etc. ?

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